En des temps lointains, bien avant que ne vienne la Grande Guerre Noire, se trouvait non loin de l’île de Foudre de petits îlots formants un losange, îlots réputés pour leur fastes fleurs aux propriétés mythiques , pour leur parfums enchanteurs et pour leurs couchés de soleil uniques. Ces îlots étaient alors nommés ‘‘Zoulhtunnabeh’’, nom venant de l’ancien elfique du Sud de l’île de Foudre signifiant : Zoulh : »Soleil » To’unf : »Baiser » Ab’aleh : »Océan »
se traduisant par »Là où le Soleil courtise l’océan ».
D’anciens écrits retrouvés après les Nuits Incendiaires d’Asmaÿl racontent que les îlots de Zoulhtunnabeh étaient à l’époque endroits de rassemblements et de pèlerinages pour de nombreux fidèles du dieu Fhan, primauté divine de la Lumière, du Soleil, de la Magie, des arts , de la poésie et de la musique.
Semblerait-il que quelques centaines de disciples se réunissaient en des moments propices de l’année où par une quelconque magie, leur dieu se manifestait à travers les lames de lumières solaires dansant sur les vagues de la Mer Bleue. En effet, de nombreux passages de récits elfiques reposant dans les temples consacrés à l’Hélianthe évoquent des visions et des messages de ce dieu lors des équinoxes et des solstices de chacune des saisons. En autre temps, Zoulhtunnabeh semblait être inoccupé, hormis de quelques gardiens runiques invoqués par de grands prêtres elfes afin de protéger l’endroit bénit.
Or, l’histoire raconte qu’il advint qu’un jeune elfe, apprenti clerc suivant les doctrines du dieu Corellon Larethian, faisait partie d’un groupe de pèlerins provenant de l’île de la Licorne. Celui-ci fût pris d’une si grande admiration lors d’une des mystiques manifestation de Fhan qu’il aurait plongé tête première dans l’océan, médusé entre ses croyances elfiques et ce dieu légendaire se révélant, espérant de son saut atteindre un idéal plus tôt qu’il ne se devait. Son action entraîna la disparition immédiate de l’avatar, ce qui suscita une forte colère auprès des autres fidèles. Cet elfe, portant le nom d’Olwë Fëfalas, aurait été punis de sorte à lui retirer son titre d’apprenti et toute possibilité de rejoindre à nouveau les rangs des Clercs de la Fée de Grenat, ceux-ci réputées pour la sévérité de leur convictions. Détruit par l’annonce de cette décision, Olwë aurait déchiré son tabar, pris fuite et disparu avant que le soleil n’embrasse l’océan pour une seconde fois.
Un jour passa et les pieux fidèles décidèrent de demeurer non loin de la berge avec l’espoir de retrouver leur dieu avant le crépuscule. Puis vint la bise entre la Mer Bleue et son solaire courtisan, créant l’avènement du Divin Artiste. Tandis que les adorateurs se donnaient entiers en prières , Olwë fît irruption derrière le groupe. La vengeance au cœur et la rage au poing, il saisit l’opportunité que lui offrait l’état de transe des disciples pour assouvir sa haine. Lames en mains, Olwë aurait exécuté une danse meurtrière auprès de ces frères de sang, les plongeant dans la mort de sang froid, devant le regard implorant du dieu solaire. Ce dernier, entrant dans une colère aussi puissante que celle qu’il offrit à Boccob lors de la Guerre de l’Ithrildur, aurait fait léviter Fëfalas pour le torturer en lui étirant les membres de façon telle à les lui arracher. Répartis sur chacun des îlots de Zoulhtunnabeh, ses membres devinrent aussitôt corrompus et rancis. Alors, Fhan abandonna l’endroit, laissant pour engrais à la flore les corps de ses fidèles défunts.
Le temps passa et de nouveaux pèlerins vinrent en cet endroit anciennement saint lorsque la nouvelle saison fût
venue. Zoulhtunnabeh était alors devenue paysage macabre et dévasté, où rôdaient nécrophages et âmes en peines.Les pèlerins périrent pratiquement tous, exceptés quelques-uns qui parvinrent à fuirent et à rapporter l’état de la situation auprès des leurs.
Les brumes empoisonnées et les mandragores devinrent maintenant partie intégrante du portrait des îlots, les fleurs et les créatures enchantées désormais ronces et bêtes sanguinaires.
Selon certaines hypothèses émises par les sages elfiques, les raisons de cette corruption quasi instantanée de l’endroit serait dût d’abord à la malédiction jetée par l’Hélianthe lui-même sur Olwë et également, certains croient que la brèche s’ouvrant lors des couchés de soleil sur le monde des mortels serait demeurée ouverte, donnant ainsi libre accès à de viles créatures et à quelque esprits malveillants. De nombreuses années s’écoulèrent sans qu’aucun écrit ne rapporte une quelconque information au niveau de Zoulhtunnabeh, maintenant abandonnée à son triste sort. Rien à ce sujet jusqu’au récit datant de la Grande Guerre Noire.
En effet, une fois celle-ci terminée, un général gobelin du nom de Meirluh aurait reçu une vision de la part de Wopa, divinité de son peuple. L’informant de l’existence de Zoulhtunnabeh, Wopa aurait voulu faire de Meirluh l’architecte de son nouveau plan. Ce dernier aurait donc mit pied aux marécages de Zoulhtunnabeh, les déclarant maintenant comme les siens et aurait réunis les reliques d’Olwë, lui engendrant de ce fait une grande puissance liée à la malédiction infligée par le dieu elfe. Or depuis ce temps, les marécages abriteraient gobelins et autres bêtes perfides au services de Wopa et sous la commande de Meirluh, gobelin devenu immortel par le biais de son orateur et de ses reliques damnées. Toutefois, bien que la mort flotte dans l’air de ces marécages et qu’elle se cache dans chacun de ses étangs, certains braves ont racontés avoir rejoint l’endroit et d’y avoir trouvé des plantes uniques aux caractéristiques étonnantes. Ceux-ci ne racontent cependant pas avoir été témoins de quelque événement surnaturel que ce soit alors que le soleil embrassait les marécages.
Lizandel Encresang